Dessins en plein air, aux Jardins de Métis, saison 2025
En prévision de mon exposition solo prévue aux Jardins de Métis au printemps 2025, je serai en résidence artistique au cours de laquelle je travaillerai directement dans les jardins et où j’expérimenterai la technique de dessin des “trois crayons” (noir, sanguine et rehauts de blanc).
Pendant la période allant du 27 mai au 5 août, j’ai créé 18 dessins. Chaque matin, dès six heures trente, je m’installais dans les jardins pour travailler. J’étais alors entouré uniquement par le gazouillis des oiseaux et le doux son du ruisseau. Cette atmosphère paisible me permettait de me concentrer entièrement sur la plante que j’avais choisie comme sujet de la journée. Vers huit heures, les jardiniers commençaient leur journée, suivis peu après par les premiers visiteurs. À ce stade, alors que la structure de mon croquis et ma composition étaient bien établies, je me sentais prêt à engager la conversation avec les visiteurs et à répondre à leurs questions. Ces échanges furent très plaisants. Finalement, pour terminer chaque dessin, je consacrais une à deux journées supplémentaires en atelier. Grâce à cette routine disciplinée, j’arrivais à compléter deux œuvres par semaine.
La série est présentée ci-dessous dans l’ordre chronologique de leur réalisation et reflètent l’évolution de ma maîtrise de cette technique au fil de la saison. Cette expérimentation a considérablement élargi mes connaissances sur le potentiel de cette technique, ce qui sera certainement très utile pour mes futures productions.
Matériaux employés :
Carnet de croquis multitechniques Clairefontaine Paint'ON, format A3 (11,7 x 16,5 po / 29,7 x 42 cm), teinté beige : un papier épais 100 % cellulose, adapté tant aux techniques sèches (crayon, stylo graph, feutre) qu'aux techniques humides (encre de Chine, gouache, acrylique). Sans acide, certifié PEFC à 100 %.
Crayons noirs (en remplacement de la pierre noire) :
Faber-Castell, PITT Oil Base, Extra Soft #112601
Faber-Castell, PITT Oil Base, Hard # 112604
Crayon sanguine :
Faber-Castell, PITT Oil Base, Rötel/Sanguine # 112920
Crayon blanc :
Faber-Castell, Polychromos Oil Base # 101
Derwent Lightfast, White LFI
TECHNIQUE DE DESSIN AUX TROIS CRAYONS
Les origines du dessin à trois crayons remontent au XVIe siècle, une période marquée par un retour à l’étude approfondie du corps humain et de la nature. Les artistes de la Renaissance cherchaient à donner plus de profondeur et de réalisme à leurs œuvres, et c’est dans ce contexte qu’est née la technique des Trois Crayons. Cette période, marquée par une réflexion approfondie sur le corps humain et la nature, a donné lieu à des techniques sophistiquées pour représenter les ombres, les lumières et les volumes. Les élèves de la Renaissance devaient d’abord maîtriser l’art des « Trois Crayons » avant de se lancer dans la peinture.
La technique, très appréciée dans les académies, servait à former les artistes à travailler les valeurs (clair, moyen, sombre) et les contrastes. Cette approche traditionnelle a perduré jusqu’à l’émergence de l’impressionnisme. Pourquoi a-t-elle cessé d’être enseignée?
La méthode des trois crayons combine la sanguine, la pierre noire et la craie blanche. Elle a été rendue célèbre par des artistes tels que Rubens et Watteau. Elle est appréciée pour sa simplicité, son expressivité et sa capacité à créer des effets de volume et de profondeur.
Le papier utilisé est de valeur moyenne (gris, bleu ou brun). La pierre noire sert pour les lignes principales du dessin, les ombres et les tons froids, la sanguine pour les tons chauds, et la craie blanche pour les rehauts.
La pierre noire, également connue sous le nom de « pierre d’Italie », est un schiste qui laisse une marque indélébile, allant du noir au gris. Elle est généralement utilisée pour les contours et les ombres.
La sanguine, pierre de couleur rouge brique à grain très fin, est connue depuis des millénaires. Selon le degré de cuisson, elle peut être plus brune ou plus rouge et elle est idéale pour les tons chauds et les demi-teintes.
La pierre blanche est taillée à partir de diverses variétés de calcaire. Déjà utilisée au XVIe siècle, elle se répand au XVIIe siècle. Elle permet d’indiquer les reflets de la lumière sur les formes. Elle est peu couvrante, on l’a donc surtout réservée aux petits dessins, et on l’a surtout employée en combinaison avec d’autres crayons.
La technique repose sur la capacité de l’artiste à maîtriser les valeurs et à composer avec un nombre restreint d’outils. Elle exige une grande précision et une sensibilité au contraste, mais elle permet également une certaine spontanéité, en particulier dans l’utilisation du blanc. En choisissant soigneusement le support et en combinant l’estompage, les hachures et les rehauts, il est possible d’évoquer une grande variété de matières.
Le papier doit correspondre à la teinte générale de l’objet. Des zones du papier restent visibles pour que sa teinte participe à la représentation de la matière. Une technique consiste à estomper progressivement le noir, la sanguine et le blanc, ce qui produit un effet subtil et ajoute de la profondeur. Il est également possible d’accentuer les contrastes entre les tons ou de légèrement mélanger la sanguine avec le noir ou le blanc pour créer des teintes intermédiaires et renforcer les nuances. Finalement, le travail aux trois crayons peut être considéré comme l’équivalent de la grisaille qui précède une peinture, où sont mis en place dessin et volumes avant la coloration. Il constitue une excellente transition vers le dessin en couleur. Il permet de faire le lien entre la compréhension, la combinaison des volumes et les couleurs. Mais, il peut, bien entendu, constituer un travail complet en lui-même.

















